top of page
Cambodge, 19/04/2014

 

Aujourd’hui, le tourisme de masse franchit une nouvelle étape. Le touriste ne veut plus être simplement un touriste. Il se rend compte de la misère de certains pays et aspire à être acteur de ses vacances, aider les populations, même juste pour quelques heures. Les agences touristiques n’ont pas mis longtemps à voir la demande et à récupérer le marché, créant ainsi le « tourisme humanitaire » ou « volontourisme ». De nombreux séjours proposent, en plus des activités touristiques habituelles, de passer quelques jours dans un village reculé pour aider à la construction d’une école ou dans un orphelinat pour s’occuper d’enfants. Certaines de ces agences donnent quelques jours de formation avant le départ ou du matériel pédagogique de base, mais cela reste souvent peu professionnel. Et là est bien le problème. Ces volontouristes, pleins de bonne volonté, font malheureusement souvent plus de mal que de bien. Comment peut-on faire du travail efficace en si peu de temps et sans être professionnel ? Pourtant, les populations locales, voyant l’aide extérieure qui leur est apportée et le potentiel touristique de leur situation vont freiner leur propre développement pour tirer un maximum d’avantages de la situation.

 

Mais l’action humanitaire ne s’improvise pas, il s’agit d’un vrai métier avec des buts, des retombées géopolitiques, des comptes à rendre auprès des bailleurs et des pays concernés. Si l’on veut rendre service, il faut le faire comme il faut. Il y a des associations qui proposent ce qu’on appelle des missions, de durée variable, de quelques mois à plusieurs années (le volontariat de solidarité internationale commence à partir de six mois) le but étant d’aller dans une contrée éloignée d’un pays émergent et d’aider au développement local, les possibilités sont nombreuses. Pour ces séjours, il y a souvent beaucoup de préparation en amont, les volontaires sont triés et les associations soutenues par l’Etat. L’aide humanitaire a besoin de vrais métiers, et fait appel à des compétences et des gens d’expérience. Les organismes recrutent des personnes ayant une formation orientée selon le besoin de la mission : éducation, développement, santé… Vous n’entendrez pas parler de « tourisme humanitaire » ou de « volontourisme » avec ces structures, qui ne font pas appel à ce genre de public.

 

L’exemple flagrant du Cambodge est ses orphelinats, que l’on trouve curieusement principalement sur les circuits touristiques proches de Siem Reap et de Phnom Penh. Ces cinq dernières années, le nombre d’établissement a doublé, un grand nombre d’entre eux étant privés, c'est-à-dire financés principalement grâce à des dons et des ONG, alors que le nombre d’orphelins a grandement diminué. Nous ne sommes plus à l’époque d’après guerre civile des années 80. Aujourd’hui, les orphelinats sont peuplés d’enfants envoyés, et parfois loués par leurs parents pour satisfaire les touristes et faire rentrer de l’argent dans le foyer. Ils sont chargés des corvées d’attirer les touristes dans la rue pour recevoir des dons ou de les amener visiter leur orphelinat. Un réseau d’ONG œuvrant pour les droits de l’enfant, dont Friends International et l’UNICEF font campagne depuis 2011 contre l’exploitation de ces enfants et le respect de leurs droits. En effet, selon un rapport de l’UNICEF, seulement un quart de ces enfants sont réellement orphelins. De plus, d’après Friends International, « dans la plupart des cas, ces organisations [qui envoient les volontouristes] n'exigent aucune qualification ou expérience chez les candidats dans les domaines du travail social ou de la petite enfance. Pire, certaines organisations ne procèdent à aucune vérification des antécédents des volontaires avant de les mettre en contact direct avec les enfants ».Mais toutes les associations ne sont pas forcément à jeter. Pour ceux qui veulent vraiment donner de leur temps et aider des enfants et familles dans le besoin, une liste de lieux et d’initiatives est disponible sur le site de Friends International.

Rapport de l’UNICEF (en anglais)

http://www.thinkchildsafe.org/thinkbeforevisiting/resources/Study_Attitudes_towards_RC.pdf

Friends International (en francais)

http://www.thinkchildsafe.org/thinkbeforevisiting/fr/index.html

bottom of page